Erste Runde Krankenschein, dann die Oma tot, Überstunden nehmen wir zur Not, dann kommt die Kündigung, scheiß egal Borussia Dortmund international, EUROPAPOKAL; EUROPAPOKAL; EUROPAPOKAL; EUROPAPOKAL! Voici comment j’ai interprété notre hymne européen la semaine dernière, de Krasnodar à Dortmund en passant par Londres…

Mercredi 25 novembre

18h GMT +1 : Ce qu’il y a de beau dans la vie d’un Fan Unterwegs, c’est que cela nous permet de découvrir des lieux, des stades, des endroits complètement improbables, des villes dont nous ne soupçonnions même pas l’existence et où jamais nous n’aurions pensé mettre les pieds. Et, à ce niveau-là, l’Europe League offre un potentiel d’exaltation infiniment supérieur à la Champion’s League où nous évoluons le plus souvent dans des villes et stades connus par cœur, surtout si tu as passé l’âge de te déplacer juste pour te faire mousser en ramenant un selfie d’un stade ou d’une affiche prestigieux. Bref, Krasnodar ne pouvait que titiller mon intérêt et, après un bref coup d’œil pour m’assurer de la faisabilité du truc (visa, avion, hôtel…), c’est décidé : je tente l’aventure russe. Départ en voiture à travers une Suisse enneigée.

21h GMT +1 : Après un voyage chaotique et quelques embouteillages, me voici à l’aéroport de Kloten, juste à l’heure pour mon vol, à peine le temps d’échanger quelques roubles (dans la précipitation je suis parti avec seulement trois roubles en poche) et de descendre deux premières bières.

22h30 GMT +1 : Embarquement dans un vol Aeroflot pour Moscou pour une sieste bienvenue.

Jeudi 26 novembre

4h GMT +3 : Arrivée en transit à Moscou-Sheremetjevo pour un déjeuner à la Baltika, bière russe.

6h GMT +3 : Nouveau vol Aeroflot pour Krasmodar, je dois être le seul dans cet avion à ne pas être Russe…

8h GMT +3 : Arrivée à Krasnodar. Les transports publics ont l’air plutôt archaïques, j’opte pour le taxi après avoir négocié un tarif convenable. Le soleil brille et la température est plutôt agréable (15°) pour une vraie plongée dans le passé. La plupart des routes, fort encombrées par des vieilles Lada pétaradantes, sont en terre battue et parsemées de nids de poules. Aux alentours, de sinistres barres d’immeubles soviétiques succèdent à des immenses étendues de baraquements en bois. Nonobstant quelques rues plus modernes au centre, cette cité de 900’000 habitants donne l’impression que le camarade Brejnev est toujours au pouvoir.

10h GMT +3 : Après un bref passage à l’hôtel, visite de la ville. J’ai rapidement fait le tour des monuments locaux, essentiellement à la gloire de l’armée rouge. On surnomme Gelsenkirchen la « ville aux 1000 feux » mais ce diminutif pourrait s’appliquer aussi à Krasnodar, non pas pour ses hauts fourneaux, mais pour ses innombrables feux de signalisation. Jamais je n’avais été dans une ville où le piéton était à ce point arrêté tous les cent mètres par un feu de signalisation. Mais sinon, Krasnodar me plaît, à part un marché couvert en forme de soucoupe volante rappelant vaguement l’Arena honnie de Schalke. Il n’y a que le football pour nous faire découvrir ce genre de villes oubliées des guides touristiques.

12h GMT +3 : Je sacrifie à la tournée des bars, prélude indispensable à tout match européen, et découvre de nombreuses bières russes. D’habitude, à chaque déplacement du BVB, une marée jaune envahit la ville et ses bars mais là je passe ma journée sans croiser un seul fan Borusse. La longueur du trajet, ses coûts, l’enjeu tout relatif et quelques appréhensions liées au contexte géopolitique trouble de la région, entre Donbass, Crimée et Tchétchénie en ont dissuadé plus d’un… Et pourtant, c’était plutôt calme et les contrôles de sécurité plutôt léger. Mais c’est mon premier déplacement dortmundois depuis six ou sept ans au cours duquel je n’ai croisé aucun pote.

17h GMT +3 : Départ pour le stade. Toujours pas l’ombre d’un fan jaune et noir au Tetralnaya Plohshad, censé être le point de ralliement des Borussen. Je décide donc de tenter l’aventure du stade seul à pied, merci google maps. Avec mon maillot et mon écharpe du BVB, je traverse des ruelles de plus en plus désertes, sombres et glauques, même pas peur, et finis par arriver au Kuban Stadion sans faire de mauvaises rencontres.

18h GMT +3 : C’est même une charmante rencontre que je fais en arrivant, Katja, jeune supportrice locale qui étudie Goethe à l’Université locale et qui m’obtient un nouveau ticket dans un stade à guichets fermés, ayant réussi à oublier mon précieux sésame dans un bar… ça aurait été ballot de venir aussi loin et de rester devant le stade. Spasiba, Katja ! Ma guide providentielle m’explique qu’elle est fan du FK, notre adversaire du jour, mais aussi du Kuban, l’autre club local dont elle arbore également l’écharpe. Devant mon air étonné, elle m’explique qu’un club représente la ville et l’autre la région mais que les fans des deux camps soutiennent toujours le club rival en Coupe d’Europe, rien à voir donc avec le climat quasi insurrectionnel qui régnait entre supporters du PAOK et de l’Aris à Salonique. D’ailleurs, le FK joue dans un stade aux couleurs du rival Kuban

18h30 GMT +3 : J’arrive dans le stade. Krasnodar n’ayant pas été retenue pour la Coupe du Monde, c’est une vieille enceinte soviétique sans place couverte de 30’000 places, avec deux grandes tribunes latérales et des murs de projecteurs impressionnants. Dépaysement garanti.

18h40 GMT +3 : Je rencontre enfin des fans du BVB. Nous sommes grand maximum 400, dont certains parlent russes malgré leurs écharpes du Borussia. La plupart des fans ont dû venir directement en bus depuis l’aéroport. Le kapo place d’emblée le décor « Ok, on a tous trop bu mais on va quand même donner le maximum pour encourager notre équipe ! ». Soit.

19h01 GMT +3 : La douche froide, un ballon en profondeur, Hummels qui commet une faute inutile, c’est déjà pénalty et 1-0. Tant de kilomètres pour voir une équipe remaniée se retrouver si vite menée au score, c’est quand même un peu énervant.

19h09 GMT +3 : On croit à l’égalisation mais le lob de Ramos rebondit sur la latte, tout là-bas en face de nous. Le premier des trois montants trouvés par notre équipe

19h25 GMT +3 : Le stade s’est rempli mais l’ambiance ne décolle pas vraiment, quelques « Krasnodar, Krasnodar » retentissants, des tentatives de olas lancées par un fan courant le long de la tribune avec un drapeau avant d’être arrêté par la sécurité mais assez peu de chants, rien à voir avec la folie de Salonique.

19h46 GMT +3 : La mi-temps est sifflée sur une vaine domination de nos Jungs qui courent toujours après leur entame de match ratée.

20h30 GMT +3 : Le scénario ne change guère après la pause, le BVB domine tant et plus, se crée des occasions, tire sur les montants ou se heurte à un excellent gardien adverse, alors que Krasnodar, très limité, se contente de quelques contres sporadiques.

20h50 GMT +3 : C’est du délire dans le stade, le FK l’emporte 1-0, probablement l’une des plus grande victoires de son histoire. Pour nous, c’est une défaite frustrante : même avec quelques absents, notre BVB était largement supérieur mais a manqué de concentration en début de match et de tranchant par la suite. Nous étions venus pour chanter des « Gruppensieger, Gruppensieger, hey, hey ! », c’est raté.

20h51 GMT +3 : On frôle l’incident diplomatique : alors que nos joueurs venaient nous saluer, quelques ultras énervés et éméchés donnent dans l’insulte et les bras d’honneur. Triste, notre équipe n’a pas été bonne et c’est bien sûr décevant de faire un si long voyage sans voir de but mais la prestation de nos Jungs ne méritait pas un tel accueil. Notre capitaine Mats Hummels fait alors mine de rentrer aux vestiaires sans venir saluer l’immense majorité des fans qui applaudissaient. Heureusement, ses coéquipiers, Weidenfeller en tête, l’en dissuadent, Mats vient parler avec les excités et tout le monde se quitte bons amis en se serrant la main. L’épisode est anecdotique mais dénote que notre capitaine n’est pas serein dans sa tête en ce moment. Un peu distant, Mats n’a pas lié la même relation de connivence avec les fans qu’un Zorc, un Kehl ou un Weidenfeller et c’est un problème dans un club comme le nôtre qui développe des liens affectifs forts entre joueurs et supporters et dans lequel le capitaine doit clairement agir comme chef de meute. Loin de moi l’idée de vouloir désigner un bouc émissaire après chaque défaite mais notre n°15 doit clairement changer d’état d’esprit et faire preuve d’un minimum d’autocritique plutôt que d’être perpétuellement en guerre ouverte avec tout le monde pour retrouver son véritable niveau.

21h15 GMT +3 : Après un Blocksperre relativement bref, nous quittons le stade sous les vivats et les applaudissements de plusieurs centaines de fans locaux. Classe ! Manifestement, ils n’avaient jamais vu autant de fans en déplacement dans leur stade lointain.

22h GMT +3 : Retour au centre-ville. Interdiction d’alcool oblige au stade, il commençait à faire soif et je reprends ma tournée des bars. Après plusieurs pintes, le patron d’un pub me propose un échange d’écharpe. Je repars donc avec une écharpe du FK Krasnodar alors que la mienne du BVB trône désormais fièrement au mur d’un bar local.

Vendredi 27 novembre

1h GMT +3 : Arrivée à l’hôtel, le lit a l’air confortable mais je n’ai pas le temps de m’assoupir, j’ai reçu un sms annonçant l’annulation de mon vol Transaero et m’enjoignant à tenter de prendre un vol Aeroflot à 4h55… L’aventure européenne.

2h30 GMT +3 : Me voici donc déjà de retour à l’aéroport. Finalement, il est plus facile que prévu de trouver une place sur ce fameux vol Aeroflot, il m’en coûtera juste une deuxième nuit blanche consécutive mais c’est la vie du Fan Unterwegs.

7h GMT +3 : Après un vol sans histoire, je suis de nouveau à Sheremetjevo pour un nouveau déjeuner à la Baltika, sans doute les effets du décalage horaire.

10h GMT +3 : J’embarque dans un vol Aeroflot pour Londres afin de poursuivre mes aventures du week-end. Un peu fatigué bien sûr, le match n’a pas complètement répondu à nos attentes mais ce déplacement improbable à Krasnodar restera dans les annales. Finalement, premier ou deuxième du groupe, peu importe, l’essentiel c’est qu’on est qualifiés pour le tour suivant où nous pouvons à nouveau espérer un déplacement exotique. Vivement le tirage au sort !